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CHAP. V. — HELLÉNISME ET CHRISTIANISME

avoir lieu dans les premières années du règne d’Adrien, aux environs de 123[1]. Vers le même temps, ou un peu plus tard, il semble avoir séjourné à Éphèse[2]. Puis il vint s’établir à Rome ; et là, il enseignait, sans être prêtre, la croyance qu’il avait reçue et à laquelle il avait adapté sa philosophie. Il ne semble pas s’être éloigné de cette ville ni sous le règne d’Antonin, ni sous celui de Marc-Aurèle. Il y mourut martyr, sous la préfecture de Junius Rusticus, entre 163 et 167 ; victime probablement de sa franchise et des haines qu’elle lui avait attirées, en particulier de la part du Cynique Crescens, qu’il attaque si rudement dans sa seconde apologie[3].

Plusieurs de ses écrits sont perdus : entre autres, le Discours aux Gentils (Λόγος πρὸς Ἕλληνας), où il semble qu’il s’était étendu assez longuement sur la valeur et les défauts de l’hellénisme[4] ; le livre sur l’âme (Περὶ ψυχῆς)[5] ; le traité Contre toutes les hérésies qui se sont produites (Σύνταγμα κατὰ πασῶν τῶν γεγενημένων). qui devait nécessairement comporter des discussions de nature philosophique sur les points essentiels de la croyance chrétienne[6]. — En revanche, la collection qui porte son nom contient un grand nombre d’ouvrages qui ne sont pas de lui. La critique les a éliminés peu à peu. Outre la Lettre à Diognète, dont nous dirons quelques mots plus loin, citons un Discours aux Gentils (Λόγος πρὸς Ἕλληνας), qui n’a de commun que le titre avec celui que Justin avait réellement composé[7].

  1. Justin, C. Tryphon, 2. 8.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., IV, 18, place à Éphèse le lieu du dialogue avec Tryphon, qui est censé avoir lieu, d’après les données même de l’auteur, après la révolte des Juifs (132-135) ; voir le ch. 1 du dialogue.
  3. Seconde Apol., ch. iii.
  4. Tatien, Orat., 18.
  5. Eusèbe, Hist. eccl., IV, 18, 5.
  6. Justin, Apol., 1, 26. Cf. Eusèbe, Hist. eccl., IV, 11, 10. 7.
  7. Voir Puech, Mélanges Henri Weil, p. 395, Paris, 1898. — La prin-