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JUSTIN ; SES APOLOGIES

Les seuls de ses ouvrages subsistants qui soient certainement authentiques sont les deux Apologies et le Dialogue avec le juif Tryphon (Πρὸς Ἰουδαῖνον Τρύφωνα διάλογος).

La première des deux apologies fut adressée, vers l’an 150, à l’empereur Antonin[1]. Autant qu’on peut démêler un plan sous la composition confuse de l’auteur, on voit qu’il réclame d’abord pour les chrétiens le droit d’être jugés sur leurs actes, comme tous les sujets de l’Empereur, au lieu d’être proscrits arbitrairement sur la simple attribution d’un nom. Entrant ensuite dans l’apologie proprement dite, il expose la morale chrétienne ; puis il détaille les prophéties relatives au Messie et en montre la réalisation : enfin il fait connaître les principaux traits du culte que les chrétiens rendent à Dieu. Cette suite d’idées est troublée sans cesse par des redites et des digressions, qui la font perdre de vue. D’un bout à l’autre, l’auteur poursuit, à côté de son dessein principal, un parallèle entre le christianisme et le paganisme, qui l’amène à parler longuement des dieux du polythéisme, du rôle des démons dans leur religion, des mœurs païennes, de la philosophie grecque. Tout cela forme un écheveau singulièrement embrouillé, dont il est à peu près impossible de démêler complètement les fils. — La seconde apologie, n’est en quelque sorte qu’un complément de la première[2]. À l’oc-

    cipale édition de Justin est encore celle d’Otto, dans le Corpus cité ci-dessus, p. 657. Elle en forme les quatre premiers volumes ; les tomes I et II contiennent les œuvres authentiques ; les tomes III et IV, celles que la critique a rejetées. L’édition de la Patrologie grecque, de Migne, reproduit celle de dom Marran, Paris, 1742. Les deux Apologies ont été publiées par Braun, Bonn, 1830, 1860 ; 3e  édit. revue par Gutberlet, Leipzig, 1883. Édition isolée de la première Apologie, par Kaye, Londres, 1889.

  1. Prem. Apologie, ch. xlvi : Πρὸ ἐτῶν ἑκατὸν πεντήκοντα γεγεννῆσθαι τὸν Χριστόν.
  2. Renvois à la première, ch. iv, vi, viii.