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PHILOSTRATE L’ATHÉNIEN

donné à l’ouvrage de Philostrate une sorte de succès de scandale, qui s’est prolongé jusqu’à nos jours[1]. Il faut l’en dépouiller, pour le bien apprécier. Réduit à sa valeur propre, c’est une médiocre production de la sophistique, qui toutefois jette quelque jour sur l’histoire morale et religieuse du temps.

Cet ouvrage, déjà, nous laisse voir en Philostrate un homme habile à complaire au goût de ses contemporains. Il ne le fut pas moins, quelques années plus tard, lorsqu’il s’avisa d’écrire les Vies des Sophistes.

La première idée lui en vint à Antioche, un jour qu’il s’entretenait dans le temple d’Apollon Daphnéen, rendez-vous des sophistes, avec son condisciple, le futur empereur Gordien[2]. De ces entretiens, travaillés et complétés, sortit plus tard un livre que l’auteur dédia à son ancien interlocuteur, alors proconsul d’Afrique, sous le règne d’Alexandre Sévère (de 222 à 235). Cet ouvrage aurait dû être une histoire de la sophistique ; c’est, tout au plus, un recueil de notices sur un certain nombre de sophistes.

L’auteur, pourtant, prétend embrasser tout le développement de l’art sophistique, depuis le ve siècle avant J.-C. jusqu’à son temps. — Dans un premier livre, il traite de quelques hommes qui se sont donnés pour philosophes, mais qui, selon lui, ont été réellement des sophistes (Eudoxe de Cnide, Léon de Byzance, Carnéade, Dion de Pruse, Favorinus, etc.) ; puis il nous présente les maîtres de l’Ancienne sophistique (ἀρχαία σοφιστιϰή), Gorgias, Hippias, Prodicos, Polos, Thrasymaque, Antiphon, Critias, Isocrate, Eschine. De ceux-là, il passe aux représentants de la Seconde sophistique (δευτέρα σοφισ-

  1. Voir surtout Baur, Apollonius und Christus, Tubingue, 1832. Cf. Chassang, Apollonius de Tyane, traduction annotée, Paris, 1862, Introduction.
  2. Vies des Soph., préface.