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CHAP. VI. — DE SEPTIME SÉVÈRE À DIOCLÉTIEN

τιϰή), Nikétès, Isée, Scopélien, Denys de Milet, Lollianos, Marc de Byzance, Polémon, Secundus. — Le second livre, commençant avec Hérode Atticus, qui y occupe la place principale, fait défiler sous nos yeux toute la légion des sophistes célèbres de la fin du second siècle et du commencement du troisième.

Dans cet ensemble, aucune composition méthodique, aucun sens de l’histoire. Une bonne partie du premier livre n’est que confusion ; nulle idée des distinctions à marquer, des milieux, de la succession des idées et des formes. Il est vrai qu’à partir de l’avénement de la seconde sophistique, l’auteur est mieux guidé par la chronologie. Mais, alors même, tout son plan se réduit à une simple juxtaposition. Écrit-il d’ailleurs des biographies à proprement parler ? Non, car il ne vise en aucune façon à suivre chacun de ses personnages depuis sa naissance jusqu’à sa mort. S’agit-il plutôt d’études critiques ? Pas davantage : car, bien loin de dégager avec ordre les traits caractéristiques des individus, il n’a même pas le souci d’énumérer ni de classer leurs œuvres. En réalité, ce sont des portraits oratoires. Il les a composés avec des recueils de lettres, avec des traditions d’école, avec des discours alors subsistants, avec des souvenirs personnels ; et c’est ce qui en fait le prix[1]. Il est notre témoin par excellence en tout ce qui touche non seulement aux faits et gestes des personnages dont il a parlé, mais à l’organisation des écoles d’alors, aux habitudes des maîtres, à leur genre de talent et au gout de leur public. Mais il n’est pas possible de moins dominer son sujet. Admirateur enthousiaste d’un art qui est aussi le sien, il ne quitte guère le ton de l’hyperbole.

  1. Il semble qu’il ait dû beaucoup à Damianos d’Éphèse en particulier : liv. II, chap. IX et XXIII. On voit par ces passages que c’était ce sophiste qui l’avait renseigné sur Ælius Aristide et sur Adrien de Tyr.