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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

il est vrai, plusieurs fragments d’édits[1]. La plupart semblent authentiques. Elles sont adressées à des amis, tels que Salluste, à des orateurs ou à des philosophes, tels que Libanios, Eugénios, Thémistios, Maxime, Jamblique, quelques-unes à des agents impériaux, à des évêques. Réunies, elles laissent voir les inégalités du caractère et de l’esprit de leur auteur : sa simplicité et son affection envers ses amis, ses intentions droites, son esprit de justice ; mais aussi ses rancunes, ses partis pris, et certaines habiletés douteuses, dans lesquelles on regrette de lui voir compromettre sa droiture naturelle.

Julien, mort à trente-trois ans, ne semble pas avoir donné toute sa mesure comme écrivain. Il y avait certainement en lui un penseur, un historien, un moraliste et un satirique ; il y avait surtout un homme, dont la vraie nature perçait à chaque instant sous les formes convenues de la littérature du temps ; ses préjugés même et ses passions auraient pu contribuer à lui faire une originalité plus accusée. Le temps lui a manqué pour se dégager de l’influence de ses maîtres et devenir tout à fait lui-même.

VI

La demi-renaissance de la sophistique que nous venons de signaler devait avoir son contre-coup sur la poésie, puisque, dans toute cette période de l’empire, poésie et sophistique ne se séparent point.

  1. Westermann, De Juliani epistolis, dans ses Comment. de epistol. scriptoribus græcis, Lipsiæ, 1854 ; C. Sintenis, Bemerkungen zu den Briefen Julians, Hermes, I, p. 69-76 (1866) ; Bidez et Cumont, Recherches sur la tradition manuscrite des lettres de l’empereur Julien, Bruxelles, 1898.