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ÉPIPHANE

il fut en lutte avec Chrysostôme lui-même, dont la doctrine ne lui semblait pas assez pure. Il ne combattait pas moins vivement l’Arianisme et l’Apollinarisme. Pendant sa longue vie, toute son activité et son érudition se dépensèrent à la défense passionnée de l’orthodoxie. En 374, il composa un traité dont le titre bizarre (Ἀγϰυρωτός, proprement Solidement ancré) équivaut à peu près à celui-ci, l’Orthodoxie assurée : nous le possédons encore. Mais son principal ouvrage, c’est celui qu’on appelle ordinairement la Réfutation des hérésies (Contra haereses ; en grec, Πανάριοιν ou Πανάρια, proprement la Huche), composé de 374 à 377. L’auteur, dans un exposé complet et facile, mais mal écrit, y passe en revue quatre-vingts hérésies, dont vingt antérieures à J.-C. : sous ce nom, il comprend les diverses philosophies de la Grèce ainsi que les sectes juives, ce qui donne à son livre un sérieux intérêt historique[1]. D’ailleurs, s’il a beaucoup lu et beaucoup extrait, il ne faut lui demander ni critique, ni étude approfondie et personnelle. Il y avait en lui plus de zèle que de véritable intelligence et que de talent.

Ces divers docteurs ont détourné un instant notre attention de l’éloquence, que nous avions vue apparaître dans le christianisme grec avec Athanase. Nous allons la retrouver, plus brillante et plus achevée, chez les grands hommes de parole et de pensée dont nous avons maintenant à nous occuper.

X

C’est à la province de Cappadoce, longtemps considé-

  1. La partie du Panarium relative aux philosophes grecs a été extraite et publiée à part par Diels dans ses Doxographi græci, Berlin, 1879.