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CHAP. VII. — L’ORIENT GREC AU IVe SIÈCLE

qu’il sait traduire en formules simples et neuves, ou ordonner en déductions bien liées ; mais il y met, en outre, de l’amour, de l’imagination, quelquefois de la grâce et de la grandeur. Dans l’exhortation chrétienne, il a une chaleur, mêlée d’onction, qui lui donne une force singulière. Son imagination lui représente les choses dont il parle, surtout celles de la foi, de telle façon qu’elles deviennent comme présentes. Mais il excelle particulièrement dans le développement très large des thèmes les plus simples, où, sur un fond de pensées essentielles, surgissent des sentiments dont il varie les nuances à profusion sans se lasser. La péroraison de son Discours d’adieu, prononcé quand il quitta Constantinople, a été citée avec raison par Villemain comme pleine « d’une émotion et d’une grâce infinie[1] ». C’est un des plus beaux exemples de ces épanchements à la fois lyriques et oratoires, où l’âme de celui qui parle semble vouloir se donner tout entière.

Par le style, Grégoire diffère aussi de Basile, tout en lui ressemblant. Ses expressions sont plus poétiques, sa phrase est plus ample et plus balancée. Il donne plus à l’imagination, il a plus de souci de la sonorité et de l’éclat. Les éléments essentiels sont pourtant les mêmes de part et d’autre, mais chez Grégoire les couleurs sont plus vives.


Au-dessous de ces deux grands noms, se place celui d’un des frères de Basile, Grégoire de Nysse. Théologien plus qu’orateur ou écrivain, s’il a une importance notable dans l’histoire ecclésiastique, il n’en a qu’une beaucoup moindre dans l’histoire littéraire. Nous pouvons nous contenter, en ce qui le concerne, de quelques indications sommaires[2].

  1. Villemain, Élog. chrét., p. 131.
  2. Nous avons peu de renseignements sur lui. Ils proviennent