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JEAN CHRYSOSTÔME

faction inquiétante qu’on appelait les Johannites, et qui se refusait à reconnaître un autre chef ecclésiastique que lui. Mais leurs efforts ne parvinrent pas à le faire rappeler. Relégué sur les confins de l’Arménie, à Cucusse, après un voyage qui fut un long supplice, Jean vécut là trois ans encore, toujours énergique malgré ses misères, s’occupant de diriger des missions en Phénicie et en Cilicie, et correspondant avec ses amis d’Antioche et de Constantinople. Arraché de ce lieu d’exil en 407 pour ètre transporté ailleurs, il mourut d’épuisement sur la route, à Comana, en Cappadoce. Ses restes ne furent rapportés à Constantinople que vingt-et-un ans plus tard, par Théodose II, fils d’Eudoxie.

XIII

La collection extrêmement considérable des œuvres de Chrysostome comprend trois sortes d’écrits : les traités, les discours, les lettres. Donnons d’abord un aperçu des sujets auxquels ils se rapportent et de leur ordre chronologique.

Les traités sont, à proprement parler, des instructions ou consultations de morale religieuse, à propos de circonstances diverses. Les plus anciens semblent être les deux Discours à Théodore après sa chute (Εἰς Θεόδωρον ἐκπεσόντα), qu’on suppose sans preuve décisive avoir été adressés, entre 370 et 375, à Théodore de Mopsueste, lorsqu’il eut la velléité de renoncer à la vie ascétique. On rapporte au même temps les deux livres Sur la Pénitence (Περὶ κατανύξεως), animés du même esprit. Vers 375 ou 376, les tentatives de Valens contre l’institution monastique et l’agitation d’opinion qu’elles soulevaient parmi les chrétiens et les païens semblent avoir donné lieu aux trois livres si passionnés Contre les adversaires de