Page:Croiset - Manuel d’histoire de la littérature grecque, 10e éd.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iii

de nous apparaître avec plus de précision. Notre plaisir artistique aussi en deviendra plus vif : car, dans la voix d’un individu, nous entendrons résonner les harmonies obscures qui en font le timbre pénétrant et la richesse. Enfin, si c’est une noble joie que de comprendre, nous ennoblirons notre plaisir en le rendant plus intelligent. C’est cette conception de l’histoire littéraire qui nous a dirigés dans ce Manuel comme dans notre Histoire de la Littérature grecque.

La même préoccupation historique nous a conduits à donner une place aux écrivains chrétiens dans le tableau de la pensée grecque. L’hellénisme, en effet, a côtoyé le christianisme pendant trois siècles avant de disparaître dans le triomphe de la religion nouvelle. De là des modifications graduelles qui sont une partie intégrante de son histoire. On ne peut vraiment comprendre ni les derniers païens ni les premiers chrétiens, si l’on sépare arbitrairement les deux courants qui, dans la réalité, coulèrent si longtemps l’un à côté de l’autre et finirent par se mélanger.

Nous aurions beaucoup grossi ce volume, déjà chargé de matière, si nous avions cédé à la tentation de faire connaître les écrivains directement par des citations étendues. Nous avons dû nous priver du plaisir de faire de cette histoire une sorte d’anthologie. En général, nous n’avons admis les citations que dans la mesure où elles étaient nécessaires pour justifier une allégation. Si nous avons parfois dérogé à cette règle, c’est en faveur de quelques écrivains dont les textes ne sont pas d’un accès aussi facile que ceux des classiques proprement dits.

On répète souvent que l’étude du grec est en baisse dans l’enseignement secondaire. La chose est loin d’être prouvée. En tout cas, il n’y eut probablement jamais