rez, vous verrez tout à l’heure que Stockton a parlé de moi, ou tout au moins prononcé mon nom à 10 h. 1/2.
— Je n’aime pas qu’on se moque de moi !
— Oh ! Ketty pouvez-vous croire…
— Ne cherchez pas à détourner la conversation.
— À détourner…
— Parfaitement, monsieur mon fiancé, mais je vous préviens que vous ne réussirez pas. J’y reviens, moi, à la conversation. Vous allez me jurer de ne plus jouer.
— Si ce n’est que ça !
— Un bon point, vous n’avez pas hésité ! Mais il ne me suffit pas que vous me le promettiez.
— Vous voulez un serment. Eh bien, je…
— Serment du Midi ! Je les connais ! Vous allez me donner la preuve que vous ne jouerez plus.
— Je veux bien, mais laquelle ?
— Donnez-moi votre portefeuille.
— Vous voulez…
— Oui, je veux, et quand j’ai dit, je veux !…
— Voilà, dit Marius en s’exécutant.
— Bien. Venez un peu par ici, dans le coin.
— J’obéis.
— Oui, vous croyez que c’est pour vous donner une récompense. Nenni, c’est…
— C’est ?
— Pour compter ce que vous avez. Cinq, six, huit, dix mille deux cents. J’ai à vous remettre dix mille deux cents francs.
La blonde enfant glissa le paquet de billets bleus dans son corsage et tendit à Marius le portefeuille, veuf de l’argent qu’il avait contenu.
— Mais, Ketty, laissez-moi au moins un peu d’argent.
— Vous n’en avez pas besoin. Reprenez votre portefeuille !
— Deux cents francs !
— Non !
— Cent francs ?
— Non.
— Cinquante, voyons !
— Je n’ai pas de monnaie !
— Donnez-moi cent francs, je vais en faire.
— Nous verrons demain ! Tenez, voici monsieur Stockton qui vous cherche.
— Ah ! eh bien, vous allez voir.
— Quoi ?
— Pour le bourdonnement. Vous me cherchez, dit-il en allant avec Ketty au-devant de l’Américain.
— En effet, cher monsieur Boulard ! je tiens à vous dire…
— Avant tout, dites-moi si, il y a à peine un quart d’heure, exactement à 10 heures 1/2, vous n’avez pas prononcé mon nom ?
— En effet ! Qui vous a dit ?
— Eh bien, Ketty, que pensez-vous de cela ?
— C’est un hasard !
— Vous niez l’évidence. Et qu’avez-vous dit en parlant de moi ?
— Mais je ne sais si je dois, devant miss Ketty…
— Je vous en prie, répétez exactement.
— Vous le voulez ?
— Je vous en prie derechef !
— Eh bien, voici : Ce bon monsieur Boulard a bien fait de me confier ses intérêts.
— Hein, fit Ketty.
— Hum, fit Marius, un peu inquiet.