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 ? — K. Z. W. R. — 13

dans ses yeux ; il allait s’avancer encore vers le lit quand un bruit parut l’inquiéter : rapidement il éteignit l’électricité, ouvrit sans bruit la porte et disparut dans le couloir.

Quelques secondes plus tard, par la porte restée ouverte, Stockton entra, l’air terrible, un revolver au poing ! La veilleuse allumée dans le corridor donnait assez de clarté pour qu’on pût voir que la cabine était vide, ou du moins qu’elle ne renfermait plus que Marius endormi !

Comme le mystérieux visiteur, Stockton s’avança vers le lit et regarda vivement ; il ouvrit le hublot, et se penchant sur Marius, il écouta sa respiration.

Puis, prenant le livre resté ouvert, il s’en servit comme d’un éventail et fit avec le volume de vigoureux appels d’air sous le nez du dormeur.

Marius poussa un long soupir, ouvrit les yeux, et d’un geste machinal essaya de repousser la figure qui se baissait sur lui ! Reconnaissait-il Stockton ? Peut-être !! En tous cas, celui-ci se recula du côté de la porte, sortit et la refermant disparut lui aussi dans la demi-obscurité du corridor.

Vers huit heures du matin, Marius remua et réveillé sans doute par l’air vif qui pénétrait par le hublot resté grand ouvert, il ouvrit les yeux.

Il avait une migraine atroce, la bouche pateuse et une lassitude extrême dans tous ses membres. Il se leva pour aller fermer le hublot. En rejetant sa couverture, il fit tomber à terre son portefeuille, resté sur son lit. Il était cependant certain de l’avoir glissé sous son traversin, avant de se coucher. Que signifiait cela ?

Autre surprise ! Sa porte, certainement fermée à clef la veille au soir, n’était plus fermée qu’au loquet ! Quelqu’un était donc entré dans sa cabine pendant la nuit ?

Comme il respirait plus largement et qu’il s’était approché de la fenêtre — ou du moins de ce qui sert de fenêtre sur les navires — il sentit sa migraine se dissiper un peu. Il sonna le valet de chambre, et après lui avoir demandé du café noir très fort :

— Est-ce vous qui avez veillé cette nuit dans le corridor ?

— Oui, monsieur.

— Vous n’avez vu personne entrer dans ma cabine ?

— Non, monsieur, personne.

— Et je n’en suis pas sorti ?

Marius se fit la réflexion que peut-être il avait eu un accès de somnambulisme ; ce qui lui arrivait était incompréhensible.

— Je pourrais presque affirmer à monsieur que non. La seule personne que j’ai vue cette nuit dans le couloir est monsieur Stockton, sorti de sa cabine pendant quelques minutes à peine, dans un but que je ne me permettrais pas de dire à monsieur.

— Monsieur Stockton !

— Cela, j’en suis sûr, puisqu’en passant à côté de moi, il m’a recommandé de faire bonne garde.

— C’est bien ; allez me chercher du café.

Le brouillard qui embrumait le cerveau de Marius sembla disparaître petit à petit. Tout à coup il se frappa le front de la main, comme s’il se rappelait :

— Stockton ! s’écria-t-il, mais c’est lui qui est entré dans ma cabine cette nuit ! Je me rappelle l’avoir vu.

Et rapidement il fit l’inspection de ses effets, de son portefeuille où rien ne manquait. Il jeta les yeux sur la tablette près du lit ; tout était là, son livre, son porte-monnaie, sa montre.

— Il n’y avait du reste rien à me voler, car heureusement Ketty a mis