Page:Cros - Le Collier de griffes, 1908.djvu/218

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ne met pas dans les romans, mais qui sont de toutes les histoires réelles.

Je ne me justifie pas ; j’ai eu tort, puisque notre histoire était un roman naïf et pur. Mais l’irritation antérieure, la fatigue qu’elle et son entourage m’avaient donnée ! Elle aurait dû ne pas me demander ce serment que j’ai refusé de donner par horreur du faux et par espoir d’expier en froideurs momentanées et en persécutions - dures souffrances pour moi ! - ce qu’il y avait eu de fautes de ma part.

Elle l’a fait, cherchant des raisons de m’éloigner nonobstant une réconciliation ultérieure, pour mal faire plus librement. Car j’ai trouvé qu’à son ressentiment s’ajoutait un intérêt de paraître. S’alléguant le talion, elle a vendu ses sourires, pour la gloriole mensongère de signer l’œuvre d’autrui. Et elle tenait encore à moi puisqu’elle ne m’avait pas dit : « C’est fini. »

Eût-elle aimé l’acheteur, j’aurais subi le sort changeant, j’aurais courbé la tête en lui disant adieu. Mais, elle m’aimait ; elle m’aime encore à présent, comme moi je l’aime ; elle m’aimait encore puisqu’elle se cachait de moi pour se vendre. La folie était horrible ; je me suis enfui en la maudissant.

Puis, j’ai voulu écraser le salisseur de rêve, espérant me briser moi-même à la vengeance. Sa vanité, à elle, eût été satisfaite d’un semblant de drame, même d’un drame vrai. Aussi de feintes préférences pour accroître ma colère. J’ai agi, mais je voyais tout. Je voyais