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Page:Cruppi - Femmes écrivains d’aujourd'hui, 1912.pdf/11

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AVANT-PROPOS

pourrait-on trouver un fond commun, des traits sui generis s’appliquant à l’ensemble des œuvres féminines ?

La question est vaste, et on pourrait dire qu’il est hâtif de la trancher aujourd’hui. La première génération de femmes écrivains, si brillante qu’elle se soit montrée en divers pays, ne peut révéler ce que sera l’ensemble de, la production littéraire des femmes quand celles-ci se seront habituées, non seulement au métier d’écrivain, mais à toutes les activités nouvelles dans lesquelles elles se sont essayées depuis si peu de temps.

Et pourtant, cette question si vaste, nous la voyons à chaque instant péremptoirement résolue. À chaque instant, des esprits généralisateurs, s’appuyant sur un petit nombre d’exemptes tirés de leur voisinage immédiat, se prononcent sur les caractères d’ensemble de la littérature féminine, l’exaltent ou la dénigrent, déclarent sans appel que tel ou tel ordre d’activité est, ou n’est pas, du domaine de la femme.

Dieu nous garde de les contredire ! Ce serait imiter leurs affirmations hasardées.

Nous prétendrons seulement qu’avant de tracer les limites du domaine de la femme il serait bon de le parcourir. Et c’est là un très grand voyage, que les Parisiens entreprennent difficilement, En dehors de ses possessions dans tous les pays d’Europe, le domaine de la femme s’est constitué dans