Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/116

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je dois ou ne dois pas faire, de ne pas plus vous inquiéter de ma conduite que je n’ai fait de la vôtre. À l’égard des lettres de change, achats de cargaisons, navires, etc… ce n’est pas vous qui répondrez pour moi, ainsi, passons cette synagogue.

« Vous avez pris sur vous d’informer le ministre que, depuis mon arrivée à Madagascar, l’île de France m’avait fourni des secours considérables en espèces et en hommes. Permettez-moi de vous dire que vous lui en avez imposé, et que c’est un mensonge atroce, vous le savez vous-même et c’est tout dire. »

Ce langage était certes peu conforme aux usages et l’on ne peut s’étonner que Maillart ait transmis cette lettre avec quelques autres du même style au ministre de la Marine. Il se plaignit de cette animosité dont il avait eu des marques, dès les premiers jours, pour s’être opposé à certaines mesures qu’il jugeait mauvaises. Il est impossible, en effet, de justifier les fureurs épistolaires du baron, et, après les preuves que nous avons de la correction de Maillart, on ne peut nier qu’il ait fait son devoir et fourni, selon ses moyens, à la subsistance de la colonie. On ne peut lui reprocher sérieusement, pas plus qu’à M. de Ternay, de n’avoir pas recruté régulièrement le corps des Volontaires, de n’avoir pas renouvelé leur uniforme jusque dans ses détails. Ils n’avaient ni hommes ni ressources ; or, Benyowszky voulait qu’on lui fournît les mêmes tissus et des boutons de rechange identiques aux anciens. Les administrateurs de l’île de France ont donc fait loyalement leur devoir. S’ils n’ont pas fait plus, c’est qu’ils avaient peu de moyens.

Dire qu’ils aient approuvé ou loué l’entreprise, c’est autre chose : il est certain que, dès le premier jour, ils en augurèrent mal et qu’ils le dirent au ministre sans la moindre réticence. Dès le mois de novembre 1773, ils se montrèrent inquiets des conséquences qu’elle pourrait avoir et des grands frais qu’elle allait entraîner : mais on pensa d’abord en France qu’ils y étaient défavorables en raison de l’indépendance qu’on semblait laisser à Benyowszky. Le