Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/117

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17 juin 1774, ils envoyèrent les premières nouvelles reçues de l’établissement. Un bâtiment, parti le 4 mars de la baie d’Antongil, annonçait qu’on y avait déjà perdu beaucoup de monde et qu’il y avait un grand nombre de malades. Dès le 24 mars, 40 hommes de troupe et 6 officiers étaient morts ; or, Benyowszky n’avouait, à cette date, que 7 décès. Il avait déjà eu des démêlés avec les gens du pays, il avait incendié un village ; tout était dans le plus grand désordre ; il faisait des demandes démesurées et injustifiées, par exemple il voulait un navire qui serait à ses ordres et 12 canons. Enfin, il avait placé son camp dans un endroit marécageux, où il était exposé à perdre tout son monde. C’est à cette époque que se place le séjour du capitaine Kerguelen à la baie d’Antongil, et son témoignage confirme celui de MM. de Ternay et Maillart. Il y demeura, pour se rafraîchir, du 20 février au 21 mars 1774 ; il raconta que les indigènes étaient fort hostiles à Benyowszky, que dans leur langage ils l’appelaient le mauvais blanc et qu’ils venaient tirer aux Français des coups de fusil jusqu’aux environs du campement. Il lui avait été impossible d’obtenir du baron les moindres secours ; il dut se procurer lui-même sur la côte les bœufs dont il avait besoin pour ses équipages. Pourtant, au moment où il allait lever l’ancre, Benyowszky lui demanda son concours pour attaquer un village indigène assez bien fortifié, armé d’un petit canon, où résidaient deux chefs, qui étaient venus tirailler la veille contre ses retranchements. Kerguelen consentit à donner 80 hommes, Benyowszky en amena 50 qui s’embarquèrent sur quelques canots du pays. Le village fut livré aux flammes, sans résistance, par les marins ; les Volontaires n’eurent pas même le temps de descendre à terre. « C’étaient tous, dit Kerguelen, des enfants, des polissons, des décrotteurs du Pont-Neuf. »

Le 10 du mois d’août arriva à l’île de France le senau du roi, le Grand-Bourbon, qui avait quitté l’île le 4 juillet précédent. Sur ce vaisseau passaient Mme de Benyowszky, sa sœur Mlle Henska et Mme Cromstowska, dont le mari, capitaine au corps des Volontaires,