Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/153

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des commissaires à propos de la somme de 65,000 livres remise à des Assises par Maillart en 1774 : « L’ordonnateur a consommé cette somme pour ses affaires particulières. » « Or, on a trouvé, dirent les commissaires, en notre présence et en celle de M. de Benyowszky pour 53,353 l. 10 s. 2 d. de quittances en règle à la décharge de M. des Assises, ce qui fait présumer qu’on trouvera des justifications pour les 11,640 livres qui restent. »

« Plus nous relisons, ajoutent-ils, sa lettre du 20 mars 1775, moins nous concevons comment un homme en place, à qui le ministre a donné des marques publiques de confiance, peut s’exposer à annoncer et à présenter comme certains des succès et des avantages considérables dans l’entreprise dont il est chargé, tandis que tout nous a démontré à chaque pas, pertes d’hommes, dissipation d’argent et des effets envoyés et achetés pour le compte du roi, désordre et confusion dans toutes les parties du service, mécontentement et guerre de la part des naturels, fuite et abandon de dessus leurs terres ; enfin, le triste spectacle qu’offre à l’humanité le restant de nos malheureux concitoyens, qui ont échappé jusqu’à ce moment à l’air pestiféré de Madagascar, la crainte de la famine, faute de riz, toutes ces calamités ne semblent-elles pas s’être rapprochées et confondues pour former le contraste le plus frappant avec le tableau des richesses et de la prospérité à Madagascar, que M. le baron de Benyowszky s’est permis de présenter au ministre avec l’intention de le persuader ? »

Il est difficile de porter un jugement plus sévère et plus équitable en même temps sur cette malheureuse entreprise et aussi sur les mensonges déshonorants que Benyowszky s’était permis de faire. Si les commissaires en eussent eu le pouvoir, il semble que sa révocation immédiate s’imposait, et peut-être son arrestation. Mais, comme nous le verrons bientôt, ils n’avaient pas même le pouvoir de relever la colonie. Il y avait peut-être aussi chez le baron un je ne sais quel charme qui faisait pardonner à cet aventurier ses fautes et