Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/196

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Benyowsky a acquises dans le cours d’une navigation aussi longue que laborieuse, et empêcher qu’il ne les porte chez d’autres nations. On propose à cet effet de créer un corps de troupes légères sous le nom de volontaires de Benyowsky, pour servir indistinctement dans tous les établissements français au delà du cap de Bonne-Espérance. En fixant ce corps à l’île de France, il pourrait être un objet d’émulation pour les autres troupes de la colonie. Mais il peut être employé plus utilement à exécuter un plan qu’on a formé depuis longtemps sur l’île de Madagascar…

Après une suite d’erreurs et de fautes que l’administration de l’île de France a faites ou tolérées, on proposa, en 1768, de s’établir au Fort-Dauphin, au sud de Madagascar, qui avait été occupé anciennement par les Français, et d’y former une colonie de blancs sur les terrains dont on obtiendrait la concession autour de ce fort.

Ce projet, qui a échoué dans l’exécution, portait sur de faux principes, parce qu’il tenait à un esprit de domination et de conquête auquel il était difficile d’accoutumer un peuple à qui on avait fait connaître nos besoins sans avoir cherché à lui en inspirer. Un plan beaucoup plus simple, et le seul qui paraisse devoir être adopté, serait de civiliser par de bons exemples et le pouvoir de la religion les habitants de Madagascar et de leur inspirer des besoins, afin de s’ouvrir un débouché pour des effets et marchandises de France, en échange desquels on aurait les productions de Madagascar.

Le baron de Benyowsky a appris, dans le cours de ses navigations, la manière de traiter avec des peuples sauvages, et il paraît avoir tous les talents et surtout la douceur de caractère qui convient pour un pareil dessein. Enfin, dans la nécessité d’employer cet officier par les raisons qu’on a exposées plus haut, on pense qu’on ne peut faire dans le moment présent un usage plus utile de ses talents et qui soit en même temps moins onéreux à Sa Majesté, la troupe dont on propose la levée sous le commandement du sieur de Benyowsky pouvant être entretenue bien plus facilement et à moins de frais à Madagascar qu’à l’île de France.

À l’égard du point de l’île de Madagascar où il conviendrait de former l’établissement projeté, il semble qu’on doive en laisser le choix aux administrateurs de l’île de France, d’où cet établissement doit dépendre, en leur indiquant néanmoins la baie d’Antonguil à l’est de Madagascar, qui paraît mériter la préférence, non seulement parce que