Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Soudeikin et Ivan Ryoumin avec quelques autres ; pourtant, on ne les maltraita pas. Il fit préparer onze bateaux plats, y embarqua ses associés et ses otages, prit pour bateliers tous les cosaques valides et parvint le 30 avril à Tchekawka où il saisit la corvette Saint-Pierre-et-Saint-Paul.

L’entreprise, même réduite aux proportions qu’elle a dans les récits contemporains de Ryoumin, de Stepanov et de Benyowszky lui-même, c’est-à-dire à l’enlèvement d’un baraquement médiocre et d’une garnison réduite à quelques hommes, n’en demeure pas moins un audacieux exploit. Il laissa aux habitants un terrible souvenir dont il nous reste un témoignage : c’est celui d’un étranger, le capitaine anglais King. Lorsque cet officier aborda, en avril 1779, au port de Petropaulowsky, il envoya au gouverneur de Bolaheretzk des lettres écrites par cet Ismaïlov, qu’il avait rencontré dans une des îles Aléoutiennes. Or, Ismaïlov y dénonçait les Anglais comme des pirates ou peut-être même des Français. Les officiers russes pensèrent à prendre des mesures de défense et le gouverneur ne put qu’à grand’peine empêcher les habitants de s’enfuir dans les bois. Les Anglais apprirent plus tard qu’un officier polonais exilé, profitant de la confusion et du désordre qui régnaient à Bolsheretzk, y avait jadis organisé un soulèvement dans lequel le commandant de la province avait perdu la vie. Il avait saisi une galiote et embarqué de force le nombre de matelots suffisant pour la manœuvre. La plupart des Russes transportés en Europe sur des vaisseaux français étaient revenus à Saint-Pétersbourg et de là au Kamtchatka ; ils y avaient rapporté la crainte des Français, chez lesquels avait été accueilli ce redoutable Benyowszky.

Ayant donc obligé tous les hommes valides à le suivre à Tchekawka, le baron fit en sorte que les postes russes qui existaient dans la contrée ne fussent pas prévenus. Il avait saisi le Saint-Pierre-et-Saint-Paul, navire qu’il prétend être de 240 tonneaux, mais qui n’était, au dire de Barlow, qu’un sloop en sapin de 50 pieds