Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/26

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de long, de 16 de large et du port de 80 tonneaux au plus. Il prit une cargaison de fourrures, l’argent des caisses publiques, les habits appartenant aux officiers russes. C’est sans doute grâce à ces emprunts hardis, qu’à son débarquement à l’île de France, il apparut vêtu d’un uniforme brillant et décoré de plusieurs cordons. Il mit à la voile le 12 mai 1771 au bruit du canon. Il avait, dit-il à Desroches, 83 compagnons, d’après les Mémoires 96, dont 75 capables de service, d’après la lettre qu’il écrivit à Macao, 85. Stepanov compte en tout 70 personnes dont 9 matelots, 8 exilés ou esclaves, 1 pilote, 2 enfants russes, 2 filles du pilote Csurin et 4 femmes mariées. Parmi les femmes, le baron fait figurer la fabuleuse Aphanasie que la mort de son père n’avait pu détacher de son amant. Le pilote paraît avoir suivi Benyowszky de bon gré, ainsi que les femmes : mais il est certain que les matelots et les autres Russes, tels que Soudeikine et Ryoumin, furent emmenés de force. Cela explique les révoltes et les complots que Benyowszky relate avec ses exagérations ordinaires, les mécontentements dont parle Stepanov, l’abandon d’une partie de l’équipage sur une des Kouriles. En effet, les fugitifs se dirigèrent d’abord vers cet archipel. Dans l’une des îles, ils rencontrèrent une bande d’exilés commandés par un certain Ochotin qui demanda au baron de l’aider à attaquer Okhotsk. Celui-ci refusa et se remit en mer, cinglant vers le nord. Il se trouvait le 5 juin, d’après son estime, à 14 lieues du cap Tsukoskoy ; bientôt, il relâcha au fond d’une baie qu’il appelle Alacsima et dans laquelle il prétend reconnaître la presqu’île d’Alaska. Le 29 juin, l’eau commençant à manquer, il fallut rationner l’équipage. Le 16 Juillet, par 32°47’ de latitude nord et par 355° de longitude de Bolsha, il aborda dans une île où il trouva des cochons sauvages, des orangers et du minerai que ses compagnons prirent pour de l’or. Il raconte qu’ils voulurent exploiter cette mine, et qu’ils obligèrent leur chef à conduire le vaisseau au Japon pour y chercher du bétail, des femmes et revenir fonder une colonie ; on aurait donc