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d’explorer le pays ; l’on ne voulait pas envoyer de colons ni engager de grandes dépenses avant qu’un séjour de quelques années et qu’une connaissance parfaite de la contrée eussent confirmé ses appréciations enthousiastes : « J’emmène, écrivait-il, une vingtaine de personnes dont j’emploierai les plus éclairées à battre et reconnaître le pays. » Il voulait pousser ses recherches jusqu’à 80 lieues au nord, entrer en relations avec les chefs indigènes et les attirer à notre alliance.

Le 5 septembre 1768, il débarquait à Fort-Dauphin. Bien accueilli par les petits chefs de la région qui connaissaient de longue date les traitants français, il se fit céder, par eux, un territoire d’une dizaine de lieues carrées sur le rivage. Un de ses compagnons, M. de la Marche, s’avança dans l’intérieur et acquit de même un territoire sur les bords de la rivière Mananpani à trois lieues de la mer. Modave projetait la création de quatre autres postes, où il distribuerait les colons qu’il comptait recevoir de France. Il ne doutait pas de dominer bientôt l’île entière, pourvu qu’il fût secondé par le gouvernement. Malheureusement, des accidents survinrent, qu’il ne paraît pas avoir prévus. La Marche et plusieurs soldats qui l’avaient accompagné périrent de la fièvre paludéenne. L’épidémie fit encore dix victimes au Fort-Dauphin même, dont Modave vantait la salubrité. À cette date (11 décembre 1768), il priait instamment M. de Praslin de former pour Madagascar un corps spécial de 300 hommes de pied et de 50 dragons. Il demandait en même temps 800 colons et ouvriers. Mais, par contre, l’intendant Poivre, par les vaisseaux de janvier 1769, écrivit en France pour se plaindre de ses dépenses de table et de son défaut d’ordre. La traite faite à Fort-Dauphin avait été défavorable et Poivre marquait la plus grande incertitude sur les résultats futurs de l’établissement. À cette époque, Dumas fut remplacé par le chevalier Desroches et celui-ci paraît n’avoir pas été favorable en principe à une entreprise qui commençait mal. On doit reconnaître que,