Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/69

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que l’annonce d’une expédition à Madagascar ait été reçue à l’île de France avec beaucoup d’enthousiasme ; les habitants de l’île avaient l’habitude d’y trafiquer assez librement et le bruit qu’on y interdirait tout commerce n’était pas fait pour les concilier. D’ailleurs, Benyowszky, à mesure qu’il s’éloignait de France, sentait son ambition grandir ; il annonçait au ministre, dès son débarquement, son intention « de former non seulement une colonie vaste et ample, aussi riche que formidable, plus encore, un bouclier contre nos ennemis aux Indes ». Il avait calculé les frais, il ne lui fallait que 100,000 écus, 150 familles d’Europe, car les gens de l’île de France et de Bourbon lui paraissaient trop corrompus. Il se voyait déjà maître de Madagascar et prétendait que les ports de Bassora, de Mascate et de Socotora se fourniraient de vivres dans cette île dont le commerce ne tarderait pas à ruiner, dans les mers de l’Inde, celui de toutes les autres nations. C’était un projet nouveau, il le disait expressément ; il en adressait le détail au ministre et, bien que le dessein pût paraître téméraire, il espérait qu’on l’accueillerait bien :

« 1° Il débarquerait au lieu où serait formé le premier établissement, l’agrandirait suivant les circonstances, s’assurerait des terrains d’alentour pour faire ensemencer des grains de toute espèce, particulièrement du chanvre ;

« 2° Il établirait deux jardins pour le roi, un destiné à la subsistance de l’hôpital et l’autre à secourir les navires qui viendraient à relâcher ;

« 3° Il planterait 5,000 plants de café, autant de coton, des cannes à sucre et du poivre. Dans deux ans, le café et le coton produiraient à la caisse du roi au moins 150,000 écus de revenu fixe qui augmenterait chaque année, surtout si l’on parvenait à accoutumer les femmes du pays à filer le coton. En attendant qu’il eût des sucreries montées, il ferait distiller les cannes de sucre mêlées avec du riz et des eaux-de-vie à la méthode de la Chine. Cette eau-de-vie, employée à la traite des esclaves, des bestiaux et du riz formerait