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Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/84

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la bâtisse du gouvernement et autres maisons nécessaires (21 juillet 1774). »

Ces dépenses montèrent à 38,254 livres.

On voit que Benyowszky donnait ses ordres avec la même tranquillité que s’il eût disposé d’un trésor inépuisable. Qui croirait, à lire ce style impérieux, que le baron n’avait pour exécuter ses bâtisses et ses terrassements qu’à peine 200 blancs et quelques esclaves ? On ne sait ce qu’on doit le plus admirer de l’imperturbable assurance du commandant ou de la sérénité administrative de l’ingénieur qui évalue, toise par toise, le coût des déblais et remblais, donne le chiffre exact des journées d’ouvriers, joint la vue cavalière des travaux au devis qu’il en dresse. Rien n’était mieux fait pour donner à des ministres, vivant à 3,000 lieues de là, la certitude que la réalité se trouvait conforme au compte rendu qu’on leur envoyait. Il faut bien de la méfiance pour révoquer en doute l’existence d’un fort, d’un gouvernement, d’une boulangerie, quand on a sous les yeux, d’une part, le dessin de l’édifice, de l’autre, le prix des matières premières, le coût de la mise en œuvre, le nombre des ouvriers blancs et celui des noirs employés à ces entreprises

Poursuivons avec Benyowszky lui-même, guide complaisant s’il en fût, le récit de ses explorations, l’enchaînement de ses conquêtes. Aussi bien, si ces récits obtinrent d’abord à Paris trop de crédit, il n’est pas indifférent de montrer qu’on pouvait en être dupe sans être un sot. Il sera temps ensuite de les comparer avec ceux des témoins oculaires, avec les véridiques rapports des administrateurs de l’île de France.

Le 7 septembre 1774, six mois après son arrivée, le baron mandait à M. de Boynes : « Ayant reconnu le gisant de la côte de Madagascar et la situation des baies, ports et anses, j’ai pris les connaissances des avantages que je pourrais me procurer en établissant, de distance en distance, différents postes dont voici le détail : le premier est à Foulepointe, très nécessaire pour la facilité