couronnes. Il ne semble pas que la brigue académique de M. Necker ait jamais été bien ardente. D’autres ambitions le détournèrent sans doute de celle-là ; et la gloire économique et politique de son premier ministère le dédommagea assez pour lui permettre de l’attendre, de l’absence d’un titre littéraire qu’il ne voulait obtenir qu’en le méritant. Le livre de sa retraite sur l’Importance des opinions en matière religieuse avait sans doute en vue cette récompense ; mais l’Académie en 1785 était devenue tout à fait philosophe, et M. Necker lui parut peut-être trop chrétien. Bref, l’occasion souvent entrevue, souvent éludée, ne repassa plus, et M. Necker ne fut pas académicien, avec tout ce qu’il fallait pour l’être.
Malgré leurs goûts et leurs ambitions littéraires, rien ne prouve que ni la femme ni le mari l’aient regretté. En ce qui touche Mme Necker, elle avait incliné, par un renoncement dont la charité profita, à préférer les plaisirs et les triomphes du cœur à ceux de l’esprit. Si son influence littéraire pâlit devant celle des Geoffrin et des du Deffand, aucune de ces deux raffinées et admirables égoïstes qui semèrent aussi sur l’égoïsme, et dont la mémoire n’a reçu que la récompense, vaine comme elle, d’hommages fri-