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ÉTUDE

Au cours de ses critiques, Roederer ne pouvait s’empêcher de s’arrêter pour rendre hommage à une des raisons les plus profondes et les plus touchantes alléguées par Mme  Necker en faveur de l’indissolubilité du mariage :

« C’est un admirable phénomène que cette union, ce doublement de deux consciences qui s’avertissent, se suppléent l’une l’autre dans le cœur de deux époux tendrement unis. Mme  Necker a, je pense, la gloire d’avoir été la première à l’observer ; du moins il a échappé à Smith dans sa Théorie des Sentiments moraux, ouvrage plein de vérités neuves et intéressantes, qui a porté sur les affections du cœur autant de jour que les Caractères de La Bruyère sur les habitudes de l’esprit, et dans lequel l’auteur a soumis les mouvements de l’âme à une analyse aussi exacte que celle qu’il a appliquée à la Richesse des Nations… »

Tout en réfutant sur certains points et en critiquant surtout en ce qu’il avait d’absolu le système que Mme  Necker avait trouvé dans son cœur et défendait si bien aux yeux de ceux qui pensent que le cœur a aussi sa raison, plus forte souvent que celle de l’esprit, Roederer revenait sans cesse à ce livre dont l’attrait est irrésistible pour les âmes honnêtes. Il y