Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
réflexions

La joie de Henri IV est à l’autre extrême ; l’un se voit renaître, et l’autre se voit mourir. Timante nous laissoit tout imaginer ; Rubens ne nous a pas permis de rien imaginer de plus. Approchez-vous donc, promoteurs du divorce, approchez-vous de ce lit, si bien nommé par le peuple le lit de misère, mais que l’espérance et l’amour se hâtent de couronner de fleurs ; ôtez à celle qui donne la vie avec douleur le courage, et je dirois presque le bonheur de souffrir ; prononcez les paroles funestes qui rendent le divorce possible sur la tête de cette créature innocente qui entre dans le monde : elle est foible, dénuée et gémissante ; ôtez-lui ses seuls protecteurs ; ajoutez ainsi votre malédiction à ses cris ; tarissez dans sa source, ou par l’indifférence, ou par le défaut d’espoir, l’aliment si pur qui devoit conserver les jours encore fragiles de ce malheureux enfant ; rendez odieux à sa mère les soins continuels qu’il exige ; qu’elle ne s’attende plus à la reconnoissance de son mari ; qu’elle renonce à l’espoir d’ajouter à son bonheur intérieur par de nouvelles jouissances, et d’être plus aimée en donnant de nouvelles preuves d’amour ; ôtez aux angoisses et aux fa-