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sur le divorce

tigues du corps toutes les récompenses du sentiment et de la pensée. Ah ! qui voudroit donner la vie à ce prix ! Médée poignarda ses enfans aux yeux de Jason, qui l’abandonnoit pour Créuse ; terrible image des effets du divorce et de l’indifférence, ou de la haine même qu’il peut inspirer pour les fruits d’un amour qui n’existe plus. Époux ingrats ! vous ne donnerez que des marâtres à vos enfans vous ne laissez pas à leur mère la certitude des récompenses de l’amour et de l’estime. Et lorsque des fils demandés au Ciel, dans l’erreur de nos désirs, trompent nos plus douces attentes, c’est alors surtout qu’on voudroit porter ses plaintes devant un tribunal d’amour et d’espérance : car quel baume salutaire pourroit verser sur ce genre de blessure un époux ou une épouse étrangers à nos enfans ! Il faut que des parens malheureux se réunissent dans l’expression d’une douleur qui leur est commune ; il faut qu’ils tombent ensemble aux pieds de l’Être suprême pour lui demander avec une égale ardeur le retour de l’enfant prodigue, et pour prononcer, en présence du Ciel, l’engagement de remplir seuls la double tâche des vertus que