Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/375

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Enfin nous avons organisé avec le plus de soin possible une expérience qui nous semble décisive. Nous avons enfermé une substance très fortement radioactive (50 000 fois plus active que l’uranium) dans une boîte métallique complètement close, dont le fond est fermé par de l’aluminium très mince. Les plaques en contact avec le fond de la boîte sont rendues radioactives ; l’activité provoquée était de 10 fois à 17 fois plus grande que celle de l’uranium.

On obtient des effets de radioactivité induite très intenses en posant la substance impressionnante directement sur la plaque à impressionner. On peut employer comme substance impressionnante le chlorure de baryum radifère, dont on peut retirer les dernières traces par un lavage à l’eau. On arrive ainsi à avoir des radioactivités induites plusieurs centaines de fois plus grandes que celles de l’uranium.

Le phénomène de la radioactivité induite est une sorte de rayonnement secondaire dû aux rayons de Becquerel. Cependant ce phénomène est différent de celui que l’on connaît pour les rayons de Röntgen. En effet les rayons secondaires des rayons de Röntgen étudiés jusqu’ici prennent naissance brusquement au moment où le corps qui les émet est frappé par les rayons de Röntgen et cessent brusquement avec la suppression de ces derniers.

Devant les faits dont nous venons de parler, on peut se demander si la radioactivité, en apparence spontanée, n’est pas pour certaines substances un effet induit.