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PREMIÈRES ÉTUDES

Il grandit en toute liberté, développant son goût pour les sciences naturelles dans des excursions à la campagne, d’où il rapportait des plantes et des animaux pour les expériences de son père. Ces promenades, qu’il faisait soit seul, soit avec les siens, contribuaient à éveiller en lui un grand amour de la nature, et jusqu’à la fin de sa vie il conserva cette passion.

Le contact intime avec la nature que peu d’enfants peuvent connaître, en raison des conditions artificielles de la vie dans les villes et de l’éducation classique, a pu avoir une influence décisive sur la formation de l’esprit de Pierre Curie. Guidé par son père, il apprit à observer les faits et à les interpréter correctement ; il apprit aussi à bien connaître les animaux et les plantes des environs de Paris. En toute saison de l’année, il savait quels étaient ceux qu’on pouvait découvrir dans les forêts et dans les prairies, dans les ruisseaux et dans les mares. Ces dernières surtout avaient pour lui un attrait toujours nouveau, avec leur végétation spéciale et leur population de grenouilles, tritons, salamandres, libellules et autres habitants de l’air et de l’eau. Aucun effort ne lui paraissait exagéré pour atteindre l’objet de son intérêt. Il n’hésitait jamais non plus à prendre un animal en mains pour pouvoir l’examiner de près. Plus tard, après notre mariage, dans nos promenades communes, si j’élevais quelque objection contre l’opportunité de poser une grenouille dans ma main : « Mais non, répondait-il, vois donc comme elle est jolie ». Toujours aussi, il aima rapporter de ses promenades des bouquets de fleurs sauvage.