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RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

conducteur l’air entre les plateaux. Pour mesurer cette conductibilité, on porte le plateau B à un potentiel élevé, en le reliant à l’un des pôles d’une batterie de petits accumulateurs P, dont l’autre pôle est à la terre. Le plateau A étant maintenu au potentiel du sol par le fil CD, un courant électrique s’établit entre les deux plateaux. Le potentiel du plateau A est indiqué par un électromètre E. Si l’on interrompt en C la communication avec le sol, le plateau A se charge, et cette charge fait dévier l’électromètre. La vitesse de la déviation est proportionnelle à l’intensité du courant et peut servir à la mesurer.

Mais il est préférable de faire cette mesure en compensant la charge que prend le plateau A, de manière à maintenir l’électromètre au zéro. Les charges, dont il est question ici, sont extrêmement faibles ; elle peuvent être compensées au moyen d’un quartz piézo-électrique Q, dont une armature est reliée au plateau A, et l’autre armature est à terre. On soumet la lame de quartz à une traction connue produite par des poids placés dans un plateau π ; cette traction est établie progressivement et a pour effet de dégager progressivement une quantité d’électricité connue pendant un temps qu’on mesure. L’opération peut être réglée de telle manière, qu’il y ait à chaque instant compensation entre la quantité d’électricité qui traverse le condensateur et celle de signe contraire que fournit le quartz ([1]). On peut ainsi mesurer en valeur absolue la quantité d’électricité qui traverse le condensateur pendant un temps donné, c’est-à-dire l’intensité du courant. La mesure est indépendante de la sensibilité de l’électromètre.

  1. On arrive très facilement à ce résultat en soutenant le poids à la main et en ne le laissant peser que progressivement sur le plateau π, et cela de manière à maintenir l’image de l’électromètre au zéro. Avec un peu d’habitude on prend très exactement le tour de main nécessaire pour réussir cette opération. Cette méthode de mesure des faibles courants a été décrite par M. J. Curie dans sa thèse.