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Page:Curie - Recherches sur les substances radioactives, 1904.djvu/137

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RECHERCHES SUR LES SUBSTANCES RADIOACTIVES.

lui-même se produit au moins en grande partie par l’intermédiaire de l’énergie radioactive émise sous forme d’émanation.

On peut admettre que chaque atome de radium est une source continue et constante d’émanation. En même temps que cette forme d’énergie se produit, elle éprouve progressivement une transformation en énergie radioactive de rayonnement Becquerel ; la vitesse de cette transformation est proportionnelle à la quantité d’émanation accumulée.

Quand une solution radifère est enfermée dans une enceinte, l’émanation peut se répandre dans l’enceinte et sur les parois. C’est donc là quelle est transformée en rayonnement, tandis que la solution n’émet que peu de rayons Becquerel, — le rayonnement est, en quelque sorte, extériorisé. Au contraire, dans le radium solide, l’émanation, ne pouvant s’échapper facilement, s’accumule et se transforme sur place en rayonnement Becquerel ; ce rayonnement atteint donc une valeur élevée[1].

Si cette théorie de la radioactivité était générale, il faudrait admettre que tous les corps radioactifs émettent de l’émanation. Or, cette émission a été constatée pour le radium, le thorium et l’actinium ; ce dernier corps en émet énormément même à l’état solide. L’uranium et le polonium ne semblent pas émettre d’émanation, bien qu’ils émettent des rayons Becquerel. Ces corps ne produisent pas la radioactivité induite en vase clos comme les corps radioactifs cités précédemment. Ce fait n’est pas en contradiction absolue avec la théorie qui précède. Si, en effet, l’uranium et le polonium émettaient des émanations qui se détruisent avec une très grande rapidité, il serait très difficile d’observer l’entraînement de ces éma-

  1. Curie, Comptes rendus, 26 janvier 1903.