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deux chambres d’ionisation séparées par une feuille d’aluminium mince que les rayons pouvaient traverser. Les courants obtenus dans les deux chambres étaient égaux et de sens inverse et pouvaient se compenser. Si les oscillations portaient bien effectivement sur l’intensité de la radiation, c’est-à-dire sur le nombre des particules du faisceau, la compensation une fois établie entre les deux courants devait se conserver, puisque les irrégularités de la radiation devaient affecter chacun des courants de la même manière. L’importance des oscillations observées a pu, en effet, être réduite de beaucoup par ce procédé ; cependant celles-ci n’ont pas disparu complètement, ce qui doit être probablement attribué à ce fait que les rayons utilisés n’étaient pas parallèles ; quand la suppression d’un rayon diminuait les courants dans les deux chambres, le rapport des diminutions dépendait de la direction du rayon.

L’oscillation relative du courant d’ionisation est moins importante pour les rayons pénétrants que pour les rayons Ce fait s’explique par cette considération que, pour obtenir la même ionisation, on doit utiliser beaucoup plus de particules que de particules

Deux méthodes de numération directe des particules ont été appliquées récemment par M. Rutherford[1] et par M. Regener[2]. La première de ces méthodes consiste à observer l’effet individuel de chaque particule par une méthode électrométrique ; la deuxième méthode consiste à compter les particules au moyen des scintillations qu’elles produisent sur un écran au sulfure de zinc. Ces expériences, dont il sera question au Chapitre suivant, permettent aussi d’étudier la loi d’émission des particules celle-ci a bien effectivement l’allure d’un phénomène régi par la loi du hasard, et des expériences plus complètes permettront de préciser l’analogie. On peut ainsi déterminer directement le nombre des atomes détruits en un temps donné ; on obtient en même temps, par la valeur de l’écart relatif moyen, une relation entre le nombre des particules fournies par la destruction d’un atome, le nombre d’ions produits par chaque particule dans le gaz, et la charge d’un ion ou charge élémentaire.

  1. Rutherford, Proc. Manch. Phil. Soc. 1908.
  2. Regener, Deutsch. phys. Ges., 1908.