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faisait passer très lentement un volume connu d’air atmosphérique au travers d’un tube contenant du charbon qui absorbait l’émanation. Celle-ci était ensuite chassée du charbon par la chauffe et recueillie dans une chambre d’ionisation. La quantité d’émanation contenue dans 1m3 d’air était très variable et en moyenne égale à celle qui correspond à 60.10-12 gramme de radium. Cette valeur est du même ordre que celle obtenue par la méthode d’activation d’une électrode dans un récipient fermé.

Des résultats absolument analogues ont été obtenus par la méthode qui consiste à faire passer l’air dans un serpentin immergé dans un bain d’air liquide[1]. La teneur d’un mètre cube d’air en émanation était variable suivant les expériences, bien que la condensation fût complète. Cette teneur correspondrait à l’équilibre avec 40 à 200.10-12 gramme de radium ; la valeur moyenne étant environ 90.10-12 gramme.

Le nombre des atomes d’émanation qui sont en équilibre avec un gramme de radium est égal à si est le nombre des atomes d’émanation formé par unité de temps à partir d’un gramme de radium, et la vie moyenne de l’émanation. En posant 3,4.1010 et 5.105 sec, on trouve 1,7.1016. Il en résulte que le nombre d’atomes ou de molécules d’émanation dans l’air atmosphérique est environ 1,7.106 par mètre cube et environ 1,7 par centimètre cube.

En appréciant la teneur en émanation par l’intensité d’activation d’un fil chargé, on trouve, comme par les méthodes de dosage directes, des résultats qui varient dans de larges limites, aussi bien en un même endroit que d’un endroit à l’autre.

Pour suivre la teneur de l’air en émanation au voisinage du sol, M. Ebert[2] a utilisé un dispositif qui consiste à mesurer et à enregistrer l’ionisation de l’air dans un condensateur contenu dans un grand récipient placé sur le sol ; l’émanation qui s’échappe du sol peut pénétrer librement dans le récipient et dans la chambre d’ionisation. L’électrode, qui est réunie au système électrométrique, est chargée négativement et recueille le dépôt actif ; on peut apprécier l’ionisation produite à un moment donné par

  1. Ashman, Amer. Journ. of Sc., 1908. — Satterly, Phil. Mag., 1908.
  2. Ebert, Phys. Zeit., 1909.