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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/519

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et le nombre de ceux qui reconstituent des particules neutres par recombinaison avec les petits ions de signe opposé. La proportion de gros ions dans l’atmosphère croît avec le degré d’impureté de celle-ci, et cet accroissement se fait aux dépens de la proportion des petits ions simultanément présents.

On peut considérer comme vraisemblable que les gros ions et les particules neutres de l’air jouent le rôle de centres de condensation de la vapeur d’eau pour les nuages qui se forment à des altitudes au-dessous de 2000m. Ces particules peuvent, en effet, condenser la vapeur d’eau à peine sursaturante, et en leur présence la condensation dans une masse d’air humide qui s’élève peut être déterminée par un refroidissement faible. En raison de sa pesanteur, le nuage ainsi formé peut se trouver abandonné par la masse d’air qui s’élève ; celle-ci ne pourra alors former de nouvelles gouttes qu’à une altitude beaucoup plus élevée, quand le refroidissement aura donné lieu à une sursaturation suffisante pour que la condensation puisse avoir lieu sur les petits ions ; les couches de nuages élevées (jusqu’à 10km ou 12km) sont probablement formées dans ces conditions.

Dans l’appareil de MM. Langevin et Moulin les petits ions sont recueillis dans un condensateur dont l’électrode a une longueur de 20cm et un diamètre de 1cm,8, tandis que le tube extérieur a 5cm de diamètre et 30cm de longueur ; le débit d’air est d’environ 1,3 litre par seconde et la différence de potentiel entre l’électrode et le tube est de 8 à 10 volts ; le nombre des gros ions recueillis dans ces conditions est négligeable. Pour recueillir ces derniers on utilise un condensateur dont le tube extérieur a 130cm de longueur et 7cm de diamètre, tandis que l’électrode a 120cm de longueur et 5cm de diamètre ; le débit est d’environ 0,26 litre par seconde et la différence de potentiel de 300 à 400 volts. On peut corriger le nombre obtenu en tenant compte de la proportion des petits ions qui est connue par l’expérience directe. L’enregistrement des charges est obtenu par une méthode photographique ; sous l’influence de la charge recueillie par l’électrode, l’électromètre dévie ; l’image d’un filament vertical de lampe à incandescence formée par le miroir de l’électromètre se déplace le long d’une fente horizontale derrière laquelle tourne un tambour sur lequel est entourée une feuille de papier sensible. Chaque fois qu’un volume