Page:Curwood - Le Piège d’or, trad. Postif et Gruyer, 1930.djvu/153

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son père, vivant. C’est vers lui qu’il faudrait aller.

Philip saisit sa pensée. Mais, à part lui, sa conviction fut vite faite que le malheureux devait être mort depuis longtemps. Les petits moricauds l’avaient sans doute non seulement tué, mais coupé en menus morceaux, comme c’est leur habitude d’agir avec leurs ennemis, quand ils se sont emparés d’eux. L’exemple récent d’Olaf Anderson et de ses cinq compagnons était là. Ces six hommes, rudes lutteurs cependant, avaient succombé. Comment le père de Célie aurait-il résisté et sauvé sa vie ?

Cette idée de la jeune femme, de rebrousser chemin vers le Nord et de regagner la rivière de la Mine-de-Cuivre, était, en outre, singulièrement fâcheuse et intempestive. En admettant qu’ils puissent tous deux s’échapper de la cabane avant le retour des Esquimaux, leur seule chance de salut était de fuir en hâte vers le Sud et de tenter de rejoindre, à travers la plus petite bande du Barren, la cabane de Pierre Bréault. S’aventurer vers le Nord, sans armes, sans chien, sans traîneau, équivalait à un suicide.

Expliquer ces choses à Célie et lui faire entendre raison était difficile. Et plus douloureux encore aurait-il été d’abattre son courage en la désabusant sur le sort de son père, qu’elle paraissait fermement croire encore vivant. Philip en