Ce mal contrastait d’une manière frappante avec le teint le plus frais et le plus éclatant que j’aie jamais vu.
Au bout de six mois, ma mère retrouva quelque argent ; on lui rendit une très-petite partie des terres de son mari, non encore vendues. Nous étions alors guéris tous les deux.
« Avec quoi madame croit-elle qu’elle a vécu depuis sa sortie de prison ? lui dit un jour Nanette.
— Je ne sais ; j’étais malade. Tu auras vendu de l’argenterie ?
— Il n’y en avait plus.
— Du linge, des bijoux ?
— Il n’y avait plus rien.
— Eh bien ! avec quoi ?
— Avec l’argent que Jérôme, du fond de sa cachette, m’envoyait chaque semaine, y joignant l’ordre exprès de ne rien dire à madame ; mais, à présent qu’elle peut le rendre, je dis ce qui est. J’en ai tenu note exactement : voici le compte. »
Ma mère eut le bonheur de sauver la vie à cet homme proscrit avec les terroristes. Elle le cacha et l’aida à fuir en Amérique.
Lorsqu’il revint, sous le consulat, il avait fait, aux États-Unis, une petite fortune qu’il augmenta depuis, à Paris, par des spéculations de terrains et de maisons.