descendre les chefs de cette oligarchie masquée ?… Est-ce là ce que vous enviez à l’Angleterre ?
— Il faut pourtant mener les hommes par la peur ou par la persuasion.
— D’accord, mais l’action est plus persuasive que la parole. Jugez-en par la monarchie prussienne ; jugez-en par Bonaparte ; de grandes choses se sont accomplies sous son règne. Or Bonaparte, à son début, a gouverné par la persuasion autant et plus que par la force, et pourtant son éloquence, qui était grande, ne s’adressait directement qu’aux individus ; il n’a jamais parlé aux masses que par des faits ; voilà comment on frappe l’imagination des hommes sans abuser des dons de Dieu : discuter la loi en public c’est ôter d’avance à la loi le respect qui fait sa puissance.
— Vous êtes un tyran.
— Au contraire, je crains les avocats et leur écho, le journal, qui n’est qu’une parole dont le retentissement dure vingt-quatre heures : voilà les tyrans qui nous menacent aujourd’hui.
— Venez chez nous ; vous apprendrez à en redouter d’autres.
— Vous avez beau faire, ce n’est pas vous, prince, qui parviendrez à me donner mauvaise opinion de la Russie.
— N’en jugez, ni par moi, ni par aucun des Russes qui ont voyagé ; avec notre naturel flexible nous de-