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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/226

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veilleusement résumé les idées les plus vulgaires, et par conséquent les plus en vogue.

— Le premier, il a résolu d’une manière satisfaisante le difficile problème du roman historique : vous ne pouvez lui refuser ce mérite, ajouta le prince K ***

— C’est le cas d’appliquer le mot : je voudrais que ce fût impossible ! repris-je ; que de notions fausses ont été répandues dans la foule des lecteurs peu érudits, par le mélange de l’histoire et du roman ! ! ! Cet alliage est toujours pernicieux, et quoi que vous puissiez dire, il ne me paraît guère amusant… Quant à moi, j’aime mieux, même pour me divertir, lire M. Augustin Thierry que toutes les fables inventées sur des personnages connus… Je vous demande pardon de cet éloge, si peu digne d’un si grave écrivain, mais son nom s’est trouvé dans ma pensée comme y serait venu celui d’Hérodote, qui ne laisse pas que d’être amusant aussi.

— Si c’est affaire de goût, interrompit le prince K*** en souriant, nous n’en disputerons pas plus longtemps. »

Là-dessus, il prend mon bras pour se lever, et me prie de l’aider à descendre vers sa cabine, où il me fait asseoir, et me dit à voix très-basse : « Nous sommes seuls : vous aimez l’histoire ; voici un fait d’un ordre plus relevé que celui que je viens de vous