Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/252

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous avons jeté l’ancre devant la forteresse silencieuse ; mais il fallut attendre longtemps le réveil d’une armée d’employés qui venaient à notre bord les uns après les autres : commissaires de police, directeurs, sous-directeurs de la douane, et enfin le gouverneur de la douane lui-même ; cet important personnage se crut obligé de nous faire une visite en l’honneur des illustres passagers russes présents sur le Nicolas Ier. Il s’est longtemps entretenu avec les princes et princesses qui se disposent à rentrer à Péterbourg. On parlait russe, probablement parce que la politique de l’Europe occidentale était le sujet de la conversation ; mais quand l’entretien tomba sur les embarras du débarquement et sur la nécessité d’abandonner sa voiture et de changer de vaisseau, on parla français.

Le paquebot de Travemünde prend trop d’eau pour remonter la Néva ; il reste à Kronstadt avec les gros bagages, tandis que les voyageurs sont transférés à Pétersbourg sur un petit bateau à vapeur sale et mal construit. Nous avons la permission d’emporter avec nous sur ce nouveau bâtiment nos paquets les plus légers, pourvu toutefois que nous les fassions plomber par les douaniers de Kronstadt. Cette formalité accomplie, on part avec l’espoir de voir arriver sa voiture à Pétersbourg le surlendemain ; en attendant, cette voiture reste à la garde de Dieu… et des