Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/271

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fines comme des paratonnerres ; des portiques dont la base disparaît presque sous l’eau, des places ornées de colonnes qui se perdent dans l’immensité des terrains qui les environnent ; des statues imitées de l’antique et dont les traits, le style et l’ajustement jurent avec la nature du sol, avec la couleur du ciel, avec le climat comme avec la figure, le costume et les habitudes des hommes, si bien qu’elles ressemblent à des héros prisonniers chez leurs ennemis ; des édifices dépaysés, des temples tombés du sommet des montagnes de la Grèce dans les marais de la Laponie ; et qui, par conséquent, paraissent beaucoup trop écrasés pour le site où ils se trouvent transplantés sans savoir pourquoi : voilà ce qui m’a frappé d’abord.

Les magnifiques palais des dieux du paganisme, ces temples qui couronnent admirablement de leurs lignes horizontales, de leurs contours sévères, les promontoires des rivages ioniens et dont les marbres dorés brillent de loin au soleil sur les rochers du Péloponèse, dans les ruines des Acropolis antiques, sont devenus ici des tas de plâtre et de mortier ; les détails incomparables de la sculpture grecque, les merveilleuses finesses de l’art classique ont fait place à je ne sais quelle burlesque habitude de décoration moderne qui passe parmi les Finlandais pour la preuve d’un goût pur en fait d’art. Imiter ce qui est parfait,