Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/401

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« de la civilisation du Nord. » Si c’est fatigant à voir, jugez de ce que cela doit coûter à jouer ! …… J’aime mieux l’Asie, il y a plus d’accord. À chaque pas que vous faites en Russie, vous êtes frappé des conséquences que doivent avoir la nouveauté dans les choses et dans les institutions, et l’inexpérience des hommes. Tout cela se cache avec grand soin ; mais un peu d’attention suffit au voyageur pour apercevoir ce qu’on ne veut pas lui montrer.

L’Empereur, par son sang même, est Allemand plus qu’il n’est Russe. Aussi la beauté de ses traits, la régularité de son profil, sa tournure militaire, sa tenue naturellement un peu roide, rappellent-elles l’Allemagne plus qu’elles ne caractérisent la Russie. Sa nature germanique a dû le gêner longtemps pour devenir ce qu’il est maintenant, un vrai Russe. Qui sait ? il était peut-être né un bonhomme !… Vous figurez-vous alors ce qu’il a dû souffrir pour se réduire à paraître uniquement le chef des Slaves ? N’est pas despote qui veut ; l’obligation de remporter une continuelle victoire sur soi-même pour régner sur les autres expliquerait l’exagération du nouveau patriotisme de l’Empereur Nicolas.

Loin de m’inspirer de l’éloignement, toutes ces choses m’attirent. Je ne puis m’empêcher de m’intéresser à un homme redouté du reste du monde, et qui n’en est que plus à plaindre.