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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 1, Amyot, 1846.djvu/85

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en or qui nous attendent là-bas dans la rue serviront pour nous trois. Nous nous cacherons, nous émigrerons, et je travaillerai pour vous ; je ne vous demande rien ; mais laissez-moi faire.

— Nous serons repris et tu mourras.

— Eh bien ! si j’y consens, qu’avez-vous à me dire ? C’est vrai, je quitte pour vous mon pays, mon père, mon prétendu ; il allait m’épouser, mais je ne l’aime pas ; d’ailleurs, si les choses tournent bien, je ferai sa fortune avec ce que vous m’avez promis, n’est-il pas vrai ?… Si je ne réussis pas, je mourrai avec vous, mais puisque je le veux bien, qu’avez vous à me dire ?

— Tu ne sais ce que tu me proposes, Louise ; tu te repentiras.

— C’est possible, mais vous serez sauvé.

— Jamais.

— Quoi ! » reprend ma mère, « vous pensez à elle, à cette noble Louise, plus qu’à votre femme, plus qu’à votre enfant ?… Tu ne sais donc pas que demain, on me défendra d’entrer ici, et qu’après-demain, tu seras transféré à la Conciergerie (la Conciergerie, c’était la mort). Après cela, comment veux-tu que je vive, moi ? la vie de Louise n’est pourtant pas la seule que tu doives sauver ici. D’ailleurs, toutes les chances sont pour nous, et par conséquent pour elle ; mais il faut nous hâter !…