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Le métier de badigeonneur devient important dans une ville où l’intérieur des maisons reste en proie à des fourmilières de vermine, tandis que l’extérieur est régulièrement dégradé par les hivers. En Russie, il faut recrépir chaque année tout édifice qu’on veut préserver d’une prompte destruction.

La manière dont le badigeonneur russe fait son métier est curieuse : il n’a que trois mois par an pour travailler au dehors des maisons. Vous jugez que le nombre des ouvriers doit être considérable : on en rencontre à chaque coin de rue. Ces hommes, assis au péril de leur vie sur une planchette mal attachée à une grande corde flottante, se balancent comme des insectes contre les édifices qu’ils reblanchissent. Quelque chose de semblable a lieu chez nous, où des ouvriers se pendent aussi aux nœuds d’une corde pour monter et descendre le long des maisons. Mais en France les badigeonneurs, toujours en petit nombre, sont bien moins téméraires que les Russes. En tout lieu l’homme apprécie sa vie ce qu’elle vaut.

Figurez-vous des centaines d’araignées pendues au fil de leurs toiles déchirées par l’orage, et qu’elles s’empressent de réparer avec une dextérité, une activité merveilleuses, et vous aurez l’idée du travail des badigeonneurs dans les rues de Pétersbourg pendant le court été du Nord. Les maisons n’ont guère plus