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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/111

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de trois étages ; elles sont blanches, mais leur apparence est trompeuse, car on les croirait propres. Moi qui sais la vérité sur l’intérieur, je passe devant ces brillantes façades avec un respectueux dégoût.

En province, on badigeonne les villes où l’Empereur doit passer : est-ce un honneur rendu au souverain, ou veut-on lui faire illusion sur la misère du pays ?

En général, les Russes portent avec eux une odeur désagréable et dont on s’aperçoit en plein air, même de loin. Les gens du monde sentent le musc, et les gens du peuple le chou aigre, mêlé d’une exhalaison d’oignons et de vieux cuirs gras parfumés. Ces senteurs ne varient pas.

Vous pouvez conclure de là que les trente mille sujets de l’Empereur qui viennent au 1er janvier lui offrir leurs félicitations jusque dans son palais, et les six ou sept mille que nous verrons demain se presser dans l’intérieur du château de Péterhoff pour fêter leur Impératrice, doivent laisser sur leur passage un parfum redoutable.

De toutes les femmes du peuple que j’ai rencontrées jusqu’ici dans les rues, pas une seule ne m’a semblé belle ; et le plus grand nombre d’entre elles m’a paru d’une laideur remarquable et d’une malpropreté repoussante. On s’étonne en pensant que ce sont là les épouses et les mères de ces hommes aux traits si