Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/122

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le côté sérieux de la représentation : de là dérivent des faits tellement graves que la peur qu’on en a étouffe l’envie d’en rire.

Il n’existe pas aujourd’hui sur la terre un seul homme qui jouisse d’un tel pouvoir, et qui en use : pas en Turquie, pas même en Chine. Figurez-vous l’habileté de nos gouvernements éprouvés par des siècles d’exercice, mise au service d’une société encore jeune et féroce, les rubriques des administrations de l’Occident aidant de toute l’expérience moderne le despotisme de l’Orient, la discipline européenne soutenant la tyrannie de l’Asie, la police appliquée à cacher la barbarie pour la perpétuer au lieu de l’étouffer ; la brutalité, la cruauté disciplinées, la tactique des armées de l’Europe servant à fortifier la politique des cours de l’Orient : faites-vous l’idée d’un peuple à demi sauvage, qu’on a enrégimenté sans le civiliser ; et vous comprendrez l’état moral et social du peuple russe.

Profiter des progrès administratifs des nations européennes pour gouverner soixante millions d’hommes à l’orientale, tel est, depuis Pierre Ier, le problème à résoudre pour les hommes qui dirigent la Russie.

Les règnes de Catherine la Grande et d’Alexandre n’ont fait que prolonger l’enfance systématique de cette nation, qui n’existe encore que de nom.

Catherine avait institué des écoles pour contenter