Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/158

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Depuis hier les esprits superstitieux ont recueilli plus d’un triste pronostic ; le temps, qui avait été beau pendant trois semaines, n’a changé que le jour de la fête de l’Impératrice ; le chiffre de cette princesse ne voulait pas s’allumer : l’homme chargé de surveiller cette partie essentielle de l’illumination monte au sommet de la pyramide et se met à l’œuvre ; mais le vent éteint ses lampions à mesure qu’il les allume. Il remonte à plusieurs reprises, enfin le pied lui manque, il tombe d’une hauteur de soixante-dix pieds et se tue sur la place. On l’emporte : le chiffre reste à demi effacé !…

L’effrayante maigreur de l’Impératrice, son air languissant, son regard terne rendent ces présages plus sinistres. La vie qu’elle mène lui devient mortelle : des fêtes, des bals tous les soirs ! Il faut s’amuser ici incessamment sous peine d’y mourir d’ennui.

Pour l’Impératrice et pour les courtisans zélés le spectacle des revues, des parades commence de bonne heure le matin ; elles sont toujours suivies de quelques réceptions ; l’Impératrice rentre dans son intérieur pour un quart d’heure, puis elle va se promener en voiture pendant deux heures ; ensuite elle prend un bain avant de ressortir à cheval. Rentrée chez elle une seconde fois, elle reçoit encore : enfin, elle va visiter quelques établissements utiles qu’elle dirige, ou quelque personne de son intimité ; elle sort de là pour