Majesté sait aussi que depuis plusieurs années un des frères de cette dame est à Paris. Elle mit la conversation sur la manière de vivre de ce jeune homme, et s’informa longtemps, avec un intérêt marqué, de ses sentiments, de ses opinions, de son caractère : c’était me donner toute facilité pour lui dire ce que me dicterait l’attachement que je lui porte. Elle m’écouta fort attentivement. Quand j’eus cessé de parler, le grand-duc, s’adressant à sa mère, continua sur le même sujet, et dit : « Je viens de le rencontrer à Ems, et je l’ai trouvé très-bien.
— C’est pourtant un homme aussi distingué qu’on empêche de venir ici, parce qu’il s’est retiré en Allemagne après la révolution de Pologne, s’écria madame*** avec son affection de sœur et la liberté d’expression que l’habitude de vivre à la cour depuis son enfance n’a pu lui faire perdre.
— Mais qu’a-t-il donc fait ? ” me dit l’Impératrice avec un accent inimitable par le mélange d’impatience et de bonté qu’il exprimait.
J’étais embarrassé de répondre à une question si directe, car il fallait aborder le délicat sujet de la politique, et c’était risquer de tout gâter.
Le grand-duc vint encore à mon secours avec une grâce, une affabilité que je serais bien ingrat d’oublier ; sans doute il pensait que j’avais trop à dire pour oser répondre ; alors prévenant quelque défaite