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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/18

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du grand-duc Michel et fille du prince Paul de Wurtemberg qui habite Paris. Elle passe pour l’une des personnes les plus distinguées de l’Europe ; sa conversation est extrêmement intéressante. J’ai eu l’honneur de lui être présenté avant le bal : dans ce premier moment, elle ne m’a dit qu’un mot, mais pendant la soirée elle m’a donné plusieurs fois l’occasion de causer avec elle. Voici ce que j’ai retenu de ses gracieuses paroles :

On m’a dit que vous aviez à Paris et à la campagne une société fort agréable.

— Oui, Madame, j’aime les personnes d’esprit, et leur conversation est mon plus grand plaisir ; mais j’étais loin de penser que Votre Altesse Impériale pût savoir ce détail.

— Nous connaissons Paris et nous savons qu’il s’y trouve peu de gens qui comprennent bien le temps actuel, tout en conservant le souvenir du temps passé. C’est sans doute de ces esprits-là qu’on rencontre chez vous. Nous aimons par leurs ouvrages plusieurs des personnes que vous voyez habituellement, surtout madame Gay et sa fille, madame de Girardin.

— Ces dames sont bien spirituelles et bien distinguées ; j’ai le bonheur d’être leur ami.

— Vous avez là pour amis des esprits fort supérieurs.