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Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/199

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leur métier. Qui me dira où peut aller une société qui n’a pas pour base la dignité humaine ?

Je le répète souvent, il faudrait tout défaire ici pour y faire un peuple.

Cette fois le silence de la police n’est pas pure flatterie, il est aussi l’effet de la peur. L’esclave craint la mauvaise humeur du maître, et s’applique de toutes ses forces à le maintenir dans une gaieté tutélaire. Les fers, le cachot, le knout, la Sibérie sont bien près d’un Czar irrité, ou tout au moins le Caucase, cette Sibérie mitigée à l’usage d’un despotisme qui, dit-on, s’adoucit tous les jours selon les progrès du siècle.

On ne peut nier que dans cette circonstance la première cause du mal ne tienne à l’insouciance de l’ad-

    Journal des Débats, le 13 octobre 1842, au sujet du livre intitulé : Persécutions et souffrances de l’Église catholique en Russie.
        « Au mois d’octobre 1840, deux convois courant en sens inverse sur le chemin de fer de Saint-Pétersbourg à Tsarskoeselo, se rencontrèrent faute d’avoir pu s’apercevoir, à cause d’un épais brouillard. Tout fut brisé du choc. Cinq cents personnes, dit-on, restèrent sur le carreau tuées, mutilées, ou plus ou moins grièvement blessées. C’est à peine si on en eut connaissance à Saint-Pétersbourg. Le lendemain, de très-grand matin, quelques curieux seulement osèrent aller visiter le lieu de la catastrophe : ils trouvèrent tous les débris déblayés, les morts et les blessés enlevés, et comme seuls signes de l’accident quelques agents de police qui, après avoir interrogé les curieux sur les motifs de leur visite matinale, les gourmandèrent de leur curiosité et leur ordonnèrent rudement de retourner chacun chez soi. »