Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/200

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ministration ; si l’on eût empêché les bateliers de Saint-Pétersbourg de surcharger leurs barques ou de se hasarder dans le golfe avec des bâtiments trop faibles pour résister à la vague, personne n’eût péri… encore qui sait ? Les Russes sont généralement mauvais marins, avec eux le danger est partout. Prenez des Asiatiques à longues robes, à longues barbes pour en faire des matelots, et puis étonnez-vous des naufrages.

Le jour de la fête, un des bateaux à vapeur qui font ordinairement le service entre Pétersbourg et Kronstadt, était parti pour Péterhoff. Il a pensé chavirer comme les moindres esquifs ; pourtant il est d’une dimension et d’une solidité rassurantes ; il allait sombrer sans un étranger qui se trouvait du voyage. Cet homme (c’était un Anglais), voyant à peu de distance périr plusieurs barques, sentant tout le danger qu’il courait lui et l’équipage avec lui ; reconnaissant d’ailleurs que la manœuvre se faisait mal faute de commandement, eut l’heureuse idée de couper avec son propre couteau toutes les cordes de la tente dressée sur le tillac pour l’agrément et la commodité des passagers. La première chose qu’on doit faire à la moindre menace de mauvais temps, c’est d’enlever cette tente : les Russes n’avaient pas songé à une précaution si simple, et sans le trait de présence d’esprit de l’étranger, le bâtiment chavirait im-