Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 2, Amyot, 1846.djvu/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mateur, et ses sujettes rebelles par espièglerie se mettent à rire dès qu’il est passé….. Je ne sais de quoi je suis le plus frappé, en voyant cette immense puissance, de sa force ou de sa faiblesse !

Mais comme tout réformateur, l’Empereur est doué de l’opiniâtreté qui fait réussir.

À l’extrémité de la place, vaste comme un pays, où s’élève la colonne, vous voyez une montagne de granit : l’église de Saint-Isaac de Pétersbourg. Ce monument moins pompeux, moins beau de dessin et moins chargé d’ornements que Saint-Pierre de Rome, est tout aussi étonnant. Il n’est point terminé, on ne peut donc juger de l’ensemble, ce sera une œuvre hors de proportion avec ce que l’esprit du siècle enfante aujourd’hui chez les autres peuples. Ses matériaux sont le granit, le bronze et le fer : rien d’autre. La couleur en est imposante, mais sombre ; commencé sous Alexandre, ce merveilleux temple sera bientôt achevé sous Nicolas par le même Français, M. de Montferrand, qui a élevé la colonne.

Tant d’efforts au profit d’un culte tronqué par la politique ! Hé quoi ! la parole de Dieu ne se fera jamais entendre sous cette voûte ? Les temples grecs ne servent plus de toit à la chaire de vérité. Au mépris des saint Athanase, des saint Chrysostôme, la religion ne s’enseigne point publiquement aux Russes. Les Grecs-Moscovites retranchent la parole de leur